Avec le blues, des images s’imposent à mon esprit. Des cowboys philosophes accoudés au bar d’un bowling, des silhouettes fatiguées mais combatives armées d’une bouteille de whisky, des voitures aux pare-chocs chromés qui soulèvent des nuages de poussière.

Yoann a du charisme.

Yoann Minkoff a un nom à figurer sur l’étiquette d’une bouteille de vodka mais il joue une musique nord-américaine, ce genre de musique qui convoque des clichés de cinéma et vous plonge dans un état entre la joie et la tristesse. Dans l’appartement de Mindi (notre hôte), lundi soir, il a chanté pour une trentaine de spectateurs aux anges, rejoint de temps en temps par Chris dont le groove se glissait, suave et sourd, entre les notes de guitare.

Yoann a du charisme. Et un physique à surgir dans une séquence qui aurait pour décor un motel écrasé de chaleur. Dans les minutes qui précèdent le sommeil, peut-être, je dis bien peut-être, est-il apparu dans l’imagination de spectatrices, peut-être a-t-il proposé de jouer pour elles seules, peut-être les choses sont-elles allées plus loin… On ne contrôle pas les images mentales induites par la musique.

Raoul Kalin